Interview : Réaction aux attentats de Charlie Hebdo (janvier 2015)
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Interview réalisée pour le journal La Republicca, le 7 janvier 2015
Qu’est-ce que vous avez pensé en apprenant la nouvelle de l’attentat contre Charlie Hebdo ?
Michel Onfray : Comme tous les français, je savais que des attentats se préparaient, que certains avaient été déjoués, que d’autres qui ont lieu aux alentours de Noël ont été présentés en France par le pouvoir et les journalistes à la solde comme des actes de déséquilibrés, de psychopathes. Je craignais que les foules de Noël dans les magasins ou du nouvel an avenue des Champs-Elysées constituent des cibles idéales. Mais j’ai été stupéfait de découvrir en alerte sur mon iPhone une fusillade à Charlie-Hebdo. Sans plus d’information, j’ai su que c’était grave, que ce serait terrible. La suite a prouvé combien je ne me trompais pas, hélas ! J’ai tweeté « Mercredi 7 janvier 2015 : notre 11 septembre » à 12.50 car je crois en effet qu’il y aura un avant et un après et que les choses ne font que commencer.
Pouviez-vous l’imaginer ?
Sur le fond oui, dans la forme, non…
Pensez-vous que cet attentat puisse être lié de quelque façon que ce soit à la publication du livre de Michel Houellebecq ?
Bien sûr que non. Houellebecq annonce dans un roman ce qui se trame depuis des années en le plaçant dans les temps futurs, les années 2020. Il se fait que cette guerre civile qu’il annonce comme une hypothèse romanesque s’appuie sur de nombreux foyers visibles depuis des années mais consciencieusement éteints par les médias sous prétexte d’ éviter , selon l’expression consacrée, de « faire le jeu de Le Pen »… Houellebecq n’a pas d’autre pouvoir que d’annoncer ce qui est déjà partiellement en disant qu’il aura lieu globalement.
Pensez-vous que l’Europe est morte, comme Houellebecq le soutient ?
Oui, bien sûr… Je travaille à un gros livre...