L'outil contre le moteur (novembre 2015)

Je suis étonné qu’en ces temps de politiquement correct qui supposent l’écologiquement correct, les dévots du pot catalytique laissent passer le traitement mécanique, motorisé, polluant et hyper bruyant des pelouses, des jardins communaux, des haies et autres reliefs de la nature encore tolérés dans les villes.

Dans ses dernières années, mon père qui était ouvrier agricole et avait labouré avec les chevaux, était sidéré par le broyage des haies avec un matériel rotatif hurleur accroché à un tracteur polluant qui déchiquetait les branches et laissait la haie pantelante, mutilée, ravagée, estropiée, blessée. Le bois était haché menu, il devenait ligneux et pleurait sa sève avant de se dessécher, puis de contaminer le reste du fourré par sa mort. Lui travaillait avec des forces, de longues cisailles qui coupaient proprement les branches et respectaient le végétal.

Désormais, la tonte du gazon s’effectue pendant de longues heures avec des tracteurs qui, eux aussi, hurlent et polluent. A l’arrivée du printemps, juchés sur des micros-tracteurs qui braquent à la perfection, les ouvriers portent un casque sur les oreilles pour se protéger du bruit et un masque pour éviter les projections de pierres – que n’évitent pas toujours ceux qui passent par là, lents vieillards qui marchent doucement ou enfants tenant la main de leurs parents.

Le ramassage des feuilles mortes à l’automne s’effectue avec d’étranges aspirateurs inversés : des souffleurs, eux aussi hurleurs et pollueurs, dispersent ce qui doit être ramassé. Le souffle mécanique éparpille en effet ce qu’il faut mettre en tas avant de le confiner dans une benne. Le râteau ? Terminé. Il ne fait pas assez de bruit, il ne pollue pas assez, il ne rejette pas assez de gaz d’échappement, il ne sature pas les niveaux sonores.

Après les marchés dans nos villes, des instruments probablement très coûteux, un petit camion...