Michel Onfray: "J’aime la musique religieuse sans aucune prévention de morale moralisatrice!"

ODB Opéra .  Votre découverte de Maria Callas a été un grand choc déterminant dans votre passion pour l’opéra. Est-ce que vous l’écoutez toujours beaucoup avec la même intensité? Est-ce que vous continuez à collectionner ses enregistrements?

Michel Onfray . Je vais vous parler franchement: j’ai été un forcené de musique classique et contemporaine… J’ai écouté un nombre incroyable d’opéras, livrets à la main, quand j’avais une vingtaine d’années, allongé sur mon canapé, le casque sur la tête, car je n’avais alors pas les moyens d’aller aux concerts aussi souvent que je l’aurais souhaité et je vivais dans une sous-préfecture de l’Orne où l’opéra n’avait pas droit de cité! J’écoutais chaque été la Tétralogie retransmise sur France-Musique (qui n’avait alors pas de «s» final). J’ai attendu avec impatience les retransmissions du Saint François d’Assise de Messiaen ou Le Grand Macabre de Ligeti. Puis j’ai perdu ma compagne après trente-sept années de vie commune, il y a eu huit ans le 8 août dernier. Depuis, je vis seul, dans le silence et la solitude, sans plus écouter de musique…

ODB Opéra . Votre perception de Wagner a-t-elle évolué?

Michel Onfray . J’aime Wagner mais tout particulièrement la Tétralogie et Tristan. Ce sont des œuvres-monde! Ces opéras philosophiques retiennent mon attention pour différentes raisons. D’abord Tristan, parce que c’est la théorie de l’amour exprimée par Schopenhauer dans Le Monde comme volonté et comme représentation en musique… Ensuite la Tétralogie, parce que c’est l’œuvre avec laquelle Nietzsche propose un projet politique aux fondations esthétiques dont les potentialités me semblent ignorées jusqu’à ce jour encore. Cette dimension civilisationnelle de l’opéra auquel Nietzsche donne sa potentialité en même temps que sa puissance est restée lettre morte. L’expérience physique de Bayreuth pourrait peut-être me sortir du sommeil de deuil qu’est mon silence…

ODB Opéra . Vous avez...