"Sarkozy a tout dit et le contraire de tout"
:max_bytes(500000)/michelonfray/2016/10/hollsar.jpg)
Aurora Bergamini : Nicolas Sarkozy semble plus « humain » et plus respectueux de son adversaire depuis sa défaite: dimanche soir il a demandé à ses partisans de respecter François Hollande; aujourd’hui, il l’invite à participer à ses côtés aux cérémonies du 8 mai. Nicolas Sarkozy se montre ainsi ’fair play’ et semble accepter la défaite avec sérénité, annonçant son retrait da la vie politique : que lui arrive-t-il? A-t-il changé?
Michel Onfray : Chez un animal politique comme Nicolas Sarkozy, il ne faut jamais oublier la stratégie… Il sait qu’il a perdu, mais que ça n’a pas été une défaite cuisante d’un point de vue des chiffres. François Hollande est élu, certes, mais ça n’est pas un raz-de-marée. La France est majoritairement de droite, (faites le compte des voix…), mais elle est aussi majoritairement anti-sarkozyste : il y a un grand refus de la personne de Sarkozy qui s’est surexposé et a écoeuré en s’invitant dans les médias tous les jours avec un nouvel exercice d’énervement. Le libéralisme social-démocrate de Hollande ne fera pas plus de merveille que le libéralisme social-démocrate de Sarkozy. Sarkozy sait que viendra un jour où, déçus de Hollande qui n’aura fait qu’accompagner la crise (en restant dans l’Europe, on ne saurait faire autre chose…), on verra son quinquennat d’un autre oeil. Les passions seront retombées, il y aura des affaires à gauche, inévitablement, un mouvement de balancier s’effectuera : il veut pouvoir être présent pour en saisir l’opportunité. Il va laisser la droite se déchirer, prendre le large un temps, laisser Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon à leurs stratégies respectives. Mais la nature protestataire de ces deux-là, et le difficile ralliement des sociaux-démocrates de droite et de gauche à leurs causes, rendra difficile, voire impossible, leur accès au pouvoir dans cinq ans. Dès lors, il a intérêt à...