Coupable un jour coupable toujours
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Il pèse sur Alain de Benoist une fatwa qui interdit qu’on le lise, qu’on le cite, qu’on parle de son travail, qu’on en dise du bien s’il y a lieu, qu’on le rencontre, qu’on lui serre la main, qu’on participe à l’une de ses émissions sur la chaîne de WebTV sur laquelle il officie. Pour quelles raisons majeures ?
Dans sa jeunesse, il a été d’extrême-droite, il a défendu l’Algérie française et le régime d’Apartheid en Afrique du Sud. Mais sa jeunesse est derrière lui ; il a souvent et régulièrement dit la distance prise avec cette époque ; il lui arrive de faire savoir que sa sympathie d’ancien homme de la Nouvelle-Droite va plutôt à Nathalie Artaud de Lutte Ouvrière ou à Jean-Luc Mélenchon du Front de Gauche. Faut-il qu’on soit coupable toujours d’une erreur d’un jour ? Quand l’erreur a été d’être d’extrême droite, oui.
Mais pas quand l’erreur a été d’extrême-gauche. Car il ne vient à l’idée de personne aujourd’hui d’interdire de lire un ancien maoïste, de ne pas citer un ancien trotskyste, de ne jamais parler du travail d’un ancien marxiste-léniniste, de ne pas dire du bien d’un ancien communiste, de ne pas rencontrer un ancien guévariste, de ne pas serrer la main d’un ancien castriste, de ne pas participer à une émission de radio ou de télé d’un ancien défenseur des khmers rouges.
A ce titre, il faudrait, parmi beaucoup d’autres, considérer comme des pestiférés : BHL & Régis Debray, Serge July & Jean-Christophe Cambadélis, Bernard Kouchner & Julien Dray, Philippe Sollers & Julia Kristeva, Edwy Plenel & Gérard Miller, Elisabeth Roudinesco & Daniel Cohn-Bendit, Lionel Jospin & Alain Finkielkraut qui tous, à leur manière, sont passés du col Mao au Rotary pour reprendre l’excellente expression de Guy Hocquenghem. C’est donc la totalité de l’élite française convertie au libéralisme européen...