Ce jeudi 16 septembre est la date anniversaire des dix ans de la mort de mon vieux maître Lucien Jerphagnon. Je travaillais ce matin à un texte sur Charles Péguy et lisais pour ce faire L’esprit de système. Voici ce qu’il dit des rapports entre maîtres et disciples… Michel Onfray ​​​​​​ "Les élèves se partageront assez rapidement en deux catégories&nbsp: celle de ceux qui garderont pure, comme un trésor sacré, intacte la pensée du maître, celle de ceux qui, faisant eux-mêmes preuve d'initiative et d’originalité, développeront la pensée du maître dans le sens de cette initiative et de cette originalité; c'est un éternel débat, que de savoir si ce sont les élèves de la première sorte qui sont les meilleurs élèves, ou si ce ne seraient pas les élèves de la deuxième sorte; la parfaite, la totale fidélité des élèves est-elle ou n'est-elle pas la meilleure marque de l’élevage; ou n'y a-t-il pas plus de fidélité profonde dans une certaine indépendance; est-ce demeurer fidèle à la pensée du maître que de la répéter servilement dans les siècles des siècles; ou n'est-ce pas y demeurer plus fidèle que la continuer dans son propre sens, la pousser comme le maître l'eût poussée si le maître avait vécu, comme ce serait justice pour les maîtres, plusieurs âges d’homme; il serait juste que les maîtres vécussent beaucoup plus que nous autres les simples hommes; mais l'ingrate nature a de ces impitoyables surdités; peut-être même la plus fidèle de toutes les fidélités serait-elle de transporter la pensée du maître, de la transférer, de la traduire, de la transcrire dans un autre langage à mesure que les temps se succèdent et qu’ainsi les langages en viennent à se perfectionner&nbsp: parler, en un mot, le système du maître dans les langages où lui-même l'eût parlé d'âge en...

Il y a dix ans jour&nbsp;pour jour disparaissait Lucien Jerphagnon, qui&nbsp;enseigna l'histoire de la pensée antique et médiévale à Michel Onfray à l’université de Caen. Michel Onfray lui rend hommage.

Il y a dix ans jour pour jour disparaissait Lucien Jerphagnon, qui enseigna l'histoire de la pensée antique et médiévale à Michel Onfray à l’université de Caen. Michel Onfray lui rend hommage.

Mon vieux maître Lucien Jerphagnon écrivait ceci en… novembre 1995 dans une chronique qu’il donnait alors à&nbsp;La Revue des deux Mondes. Ce texte est repris dans L’Absolue Simplicité, parue en 2019 dans la collection Bouquins:«&nbsp;Précis de décomposition&nbsp;»Si me revient, entre autres, ce titre de Cioran, qui déjà nous manque, c’est qu’à m’en tenir au seul été dernier, et sans revenir sur les attentats plus haut évoqués, il se trouve que j’ai relevé, comme cela, au fil de la presse quotidienne, écrite, orale ou télévisée, une petite liste de faits divers et d’informations. Tout commence, le soir où l’on fêtait la musique, par l’attaque d’un train de banlieue en gare du Nord par une bande de «jeunes», comme on doit dire poliment. Au fait, d’où était originaire cette «jeunesse»? Du Liechtenstein? De la république de Saint-Marin? Il est vrai que d’autres, tout aussi «jeunes», rançonnaient depuis un moment les voyageurs d’une autre ligne, dans l’indifférence officielle. On attaqua aussi quelques chauffeurs d’autobus: des «jeunes», on vous dit, restez corrects. Des saccages ordinaires et petits incendies de quartier, je retiens juste celui de Nice. Il avait un motif, il est vrai, inadmissible: on avait récemment arrêté quelques «jeunes» bien naturellement occupés à écouler des stupéfiants: une provocation policière, en quelque sorte, à quoi ils avaient riposté.J’ai, du reste, renoncé à comptabiliser les occasions où la police, pour avoir manqué à la discrétion qui s’impose à l’endroit des «jeunes», dut battre en retraite, et vite. Il faut dire que les banlieues jouissent maintenant&nbsp;de facto&nbsp;de l’exterritorialité que naïvement je croyais toujours réservée aux ambassades et consulats. Quant à leurs ressortissants, leur immunité est pratiquement assimilable à celle du corps diplomatique: on ne saurait les garder en détention. Ces enclaves s’appellent des zones de non-droit. Il ne convient donc...

Extraordinaire actualité d'un&nbsp;texte écrit il y a 25 ans par&nbsp;Lucien Jerphagnon, la maître de Michel Onfray.

Extraordinaire actualité d'un texte écrit il y a 25 ans par Lucien Jerphagnon, la maître de Michel Onfray.

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Votre maître, Lucien Jerphagnon, se disait chrétien. Peut-on raisonnablement être croyant et philosophe?

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Lucien Jerphagnon, qui a été votre maître, était croyant. Discutiez-vous ensemble de religion?

Michel Onfray répond à cette question posée par un abonné.Image: Lucien Jerphagnon

Vous dites que l'un de vos professeurs vous a enseigné l'art d'organiser son travail. Quelle en est la méthode? 

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Votre maître, Lucien Jerphagnon, se disait chrétien. Comment peut-on raisonnablement être croyant et philosophe?

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